Pour le Vitré Journal de Novembre, nous avons focalisé sur la politique petite-enfance, enfance, jeunesse de Vitré. Politique qui pour nous, manque d’ambition alors qu’il s’agit d’un enjeu crucial pour l’avenir.

Cette tribune libre vient en écho à nos propos liminaire du dernier conseil municipal :

Notre propos liminaire de ce jour portera le besoin, pour une ville comme la nôtre, d’aller plus loin dans le soutien apporté aux familles, et en particulier aux enfants.

Nous avions proposé, durant la campagne des municipales de reprendre l’ALSH et la crèche en régie. Votre majorité a fait la moitié du chemin. La moitié seulement. Nous en avons débattu lors du dernier conseil.

Nous avions aussi proposé de créer sur Vitré une maison des familles, qui se voulait le guichet unique des familles pour toute prestation, toute aide et tous les renseignements que peut nécessiter une famille qui s’installe à Vitré, de la place en crèche, les aides, l’inscription dans les écoles, etc. et ce, tout au long de la vie, jusqu’aux questions d’hébergement en ephad de nos aînés par exemple.

Là encore, on croit déceler un embryon de cette maison des familles dans le guichet unique qui vient de voir le jour pour la petite enfance. C’est un début. Il faudrait selon nous aller plus loin.

Sur le volet aide à la parentalité, nous proposions la création de ce que nous avions appelé « l’école des parents », s’inspirant du modèle suisse qui est très structuré. Aujourd’hui, en France, les PMI apportent un soutien technique aux jeunes parents pour s’occuper physiquement d’un nourrisson : bain, allaitement, etc.

Et ensuite commence le cavalier seul de parents, jusqu’à ce qu’ils aillent à l’école. Et là, il est parfois déjà trop tard. Les interventions des services sociaux restent très limitées faute de moyens et ne se font qu’après qu’un problème de santé ou de comportement, ait été révélé, souvent par l’école et les enseignants dont ce n’est pas le job.

On sait que le nombre de mots qu’un enfant connaît en arrivant en maternelle peut varier du simple au double en fonction du milieu social.

Toutes les familles n’ont pas conscience des dégâts que causent les écrans chez les moins de 6 ans.

Pourquoi il est important d’être actif au moins 3h/jour.

On constate aussi que la baisse progressive de l’activité physique des enfants, s’accompagne d’une hausse des mauvaises habitudes alimentaires.

Le confinement a également eu des effets dévastateurs : les bébés nés pendant le confinement ont de moins bons résultats cognitifs et en motricité que ceux nés avant le covid d’après des études américaines. Des chercheurs de l’Illinois ont conclu que la pandémie avait mené à une augmentation de certains comportements problématiques chez les tout-petits comme l’inattention, l’irritabilité, la peur, la tendance à s’accrocher, la dépression, l’anxiété et les symptômes de stress post-traumatique.

A Lyon, le covid a entraîné une hausse de 40 % des entrées aux urgences pédiatriques pour motif psychologiques.

Pour Santé Publique France, c’est dans la tranche d’âge des 18-24 ans que l’augmentation d’épisodes dépressifs est la plus forte après le covid. Elle est passée de 11,7 % en 2017 à 20,8 % en 2021, soit une hausse de 9 points, largement accentuée par la pandémie. Hausse plus marquée chez les jeunes femmes (26,5 % contre 15,2 %).

Et bien évidemment, on ne peut pas ne pas parler de la hausse très nette des violences intrafamiliales et scolaires.

Dans un rapport publié en mars 2023, le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) alertait sur l’explosion des prescriptions de psychotropes chez les mineurs : un enfant sur vingt serait désormais concerné, et la consommation de tels médicaments aurait tout simplement doublé entre 2014 et 2021.

L’écoanxiété est aussi un facteur pour des jeunes qui ont l’impression que les adultes qui sont au pouvoir sont plus préoccupés par les cours de la bourse que par l’avenir de la planète et de l’état dans lequel on la leur laissait.

Tout ceci se déroule sous nos yeux dans un contexte de baisse des moyens, dans le social comme à l’école, avec un gouvernement qui semble croire que priver d’allocations ou mettre à la rue la famille d’un ado qui dérape, va améliorer la situation…

Beaucoup de nos jeunes sont en souffrance aujourd’hui, beaucoup de familles sont en difficulté ou dans le déni, il y a de plus en plus de parents isolés… Les difficultés que rencontrent Loisir Pluriel s’inscrivent aussi dans ce contexte.

Des initiatives existent comme les « questions de parents » du centre social, mais il y a énormément à faire, et la commune est le bon endroit pour apporter une aide à la parentalité dès le plus jeune âge, de manière non-intrusive mais volontariste, pour prévenir, anticiper, informer, soutenir… Parce que les enfants ne sont pas livrés avec le mode d’emploi.

Il est urgent d’investir dans les générations futures. L’école ne peut pas tout.