Nous vivons tous une période inédite de pandémie et de confinement, mettant à  l’arrêt l’ensemble de la vie sociale et économique du Pays.

Ces dernières semaines, des mesures d’urgences ont été prises par la Ville et par Vitré Communauté : aide aux entreprises et notamment aux PME, artisans et commerçants, et reports d’impôts locaux, mise à disposition de l’hôpital des maîtres-nageurs réanimateurs, ouverture du centre de loisirs et de la crèche aux enfants des personnels indispensables, extension du dispositif d’aide à domicile et de soutien du CCAS, etc..

Ces dispositions vont dans le bon sens. Elles ne nous semblent pas aller assez loin. Nous, collectif « AVEC Vitré », vous soumettons quelques propositions complémentaires :

  • Décaler et étaler le paiement des loyers dans le parc social de Vitré. En effet, beaucoup de travailleurs sont au chômage partiel aujourd’hui. D’autres, n’ont pu trouver de missions en intérim ou de contrats courts pour boucler leurs fins de mois.  Les « petits boulots », indispensables à certains, notamment étudiants, ne sont plus accessibles. La Ville et les bailleurs sociaux ne doivent surtout pas leur mettre la tête sous l’eau.
  • On voit malheureusement les violences intrafamiliales exploser en cette période de confinement. On sait aussi que les sans-domiciles fixes sont particulièrement exposés, en étant confinés … dehors. La Ville doit garantir un toit à chacun et doit étendre ses capacités de logements d’urgence en s’appuyant sur le parc social existant, en prenant à sa charge la location de logement dans le parc privé ou si nécessaire, en utilisant les capacités d’hôtellerie inutilisées à l’heure actuelle.
  • En cette période d’activité humaine réduite et de fermeture des lieux de socialisation, nous ne comprenons pas que l’éclairage public ne soit pas très fortement réduit, voire supprimé à l’échelle de la ville. Et qu’on ne vienne pas nous parler d’insécurité en cette période où il n’y a personne dans les rues !
  • Préparer le retour à l’école s’il doit se produire dès le mois de mai. Comment faire respecter les règles de distanciation sociale sur des trottoirs d’1m40 ? On voit aujourd’hui les gens se déplacer sur la chaussée libérée des voitures. Nous proposons d’aménager, à proximité des écoles, de larges espaces de circulation pour les piétons et les vélos, avec des plots et du rubalise comme le font déjà de nombreuses villes. Les parents ne pourront probablement pas entrer dans les écoles. Il est donc important de libérer l’espace à proximité de celles-ci, ce qui signifie fermer les abords immédiats à la circulation, et organiser des pédibus / vélo-bus. Enfin, l’aménagement intérieur des écoles elles-mêmes doit être réfléchi avec les enseignants, pour assurer la sécurité des enfants et des adultes.

Au-delà du confinement et sur le plus long terme, Vitré ne doit pas, ne peut pas rester immobile et doit se doter d’un nouveau modèle de société et de développement :

  • Soutien et relance des PME, commerçants et artisans locaux par la commande publique, qui doit être utilisée à plein pour relancer et relocaliser l’approvisionnement de la Ville et de la Communauté, dès la fin du confinement. Comme nous l’avions proposé, il est urgent de lancer un grand plan de transition et de soutien à nos agriculteurs pour développer l’offre en produits bio locaux dont nous avons besoin, et mettre un terme à l’extension des zones commerciales en périphérie. Il faudra consommer moins, mais mieux et local.
  • L’urgence de la création des maisons médicales et d’un plan pour attirer les professionnels de santé à Vitré est devenue une évidence.
  • Un soutien individualisé a été mis en place pour les personnes isolées ou fragiles : personnes âgées ou en situation de handicap. Il doit se poursuivre au-delà du confinement.
  • La politique de logements d’urgence mise en place pendant le confinement doit se poursuivre en nous donnant les moyens de ne laisser personne à la rue : SDF, réfugiés ou victimes de violences.
  • L’importance de notre hôpital a également été rappelée à ceux qui en doutaient. Il faudra mettre en œuvre le projet de rénovation dès la sortie de crise. Il n’est pas inutile de rappeler que la défense de nos services publics de proximité passe par l’arrêt des politiques d’austérités qui sont à l’œuvre depuis 2007, et de rappeler aussi que les personnels de l’hôpital de Vitré sont en grève depuis un an. Le Conseil Municipal s’honorerait de voter une motion demandant l’arrêt de ces politiques « du chiffre » et une sortie du modèle de facturation à l’acte. 
  • Depuis 2007 également, l’Etat français a décidé de faire porter les réductions des déficits publics sur les collectivités locales, bien que ces dernières ne soient pas à l’origine de ces déficits. Les collectivités locales sont le premier investisseur de France et portent les services publics de proximité indispensables à la vie quotidienne des français. Il est urgent, en tant qu’élus locaux, de dénoncer ces baisses de dotations avec force !
  • L’école à la maison a mis en exergue et même creusé les inégalités sociales qui déséquilibrent notre système éducatif, malgré toute la bonne volonté et le talent des enseignants. Nous avions proposé, lors de la campagne électorale, la création d’une « école de parent » qui a vocation justement à apporter des conseils et des solutions aux familles, notamment les plus défavorisées.
  • L’absence des voitures a permis de montrer toute l’étendue de l’espace qui lui est réservé dans la ville, au détriment de la vie sociale et des autres modes de déplacement. Vitré doit sortir de la politique du « tout voiture » ! D’autant plus que les particules fines contenues dans l’air servent de conducteur aux virus et que les problématiques de santé qu’elles génèrent sont un facteur de comorbidité aggravant dans le cas d’une épidémie comme celle que nous subissons. Il est urgent, au contraire, de reverdir la ville et de préserver nos espaces naturels et agricoles !
  • La Ville et la Communauté devront soutenir les associations qui auront le plus soufferts durant cette période, notamment l’Association Sévigné mais aussi les associations culturelles. On a vu émerger des réseaux de solidarité dans les quartiers et il faut les préserver les soutenir.
  • Nous avons besoin d’un plan de relocalisation pour nos entreprises, d’un projet d’autonomie énergétique pour le territoire et de l’ambition de développer les industries stratégiques et écologiques de demain, ici, en Pays de Vitré, afin de sortir de la dépendance internationale et de créer des emplois pérennes et clés pour notre avenir.
  • Cette crise ne doit pas servir d’excuse à une restriction des libertés publiques. Sortons de la logique de la surveillance généralisée pour faire le pari de la confiance et de la liberté.

Après la crise financière de 2008, rien n’a changé. Cette crise est différente : il est possible de changer les choses au niveau local. Dans les prochains mois, nous allons vivre une période charnière. Un tel séisme peut accoucher du pire comme du meilleur. Vitré ne peut pas rester figé dans l’immobilisme pendant que le reste du monde bouge. Mme Le Callennec, nous attendons avec impatience votre plan de sortie de crise pour Vitré et Vitré Communauté, en espérant que nos propositions vous aident à le construire.